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Microfictions @jlai.lu
Professeur Falken @jlai.lu

Les Sacrifiés

— Cible ?
— Jonathan Clint, Chorral City, Ohio.
— J’en ai 3.
— 2 gamins de moins de 12 ans et ptit jeune de 17 ans ?
— Yep.
— Jamais des gamins trop jeunes, ils meurent et il est impossible de les interroger après. C’est le ptit jeune de 17 ans qu’on transfère.
— Ah, d’accord. Date et heure du transfert ?
— Vendredi 15 novembre 2024 a 3h46. Il sera endormi et saoul.
— Date et heure d’arrivée ?
— Lundi 11 novembre 2024 à 7h52.
— Étage d’arrivée ?
— Étage 1.
— Date et heure du retour ?
— Samedi 23 novembre 2024 à 14h17, dans son lit.
— Équipement aller ?
— Aucun.
— Équipement retour ?
— Aucun.
— Souvenirs ?
— Conservés.
— Autre chose ?
— Ça ne m’amuse pas plus que toi d’envoyer toutes ces personnes dans Les Coulisses, mais c’est notre boulot et c’est pas trop mal payé.
— Pourt-
— N’oublie pas ce qu’il est arrivé à Déborah quand elle s’est mise à poser trop de questions… Faisons notre boulot et tâchons de rester sous les radars si on ne veut p

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Wi(vΛ)lem Ort(Λv)iz @jlai.lu

[Microfiction]

J'sais plus si je dois
Tout accepter ou Tout refuser

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Wi(vΛ)lem Ort(Λv)iz @jlai.lu

C O M M E R C I A L

Les couverts étaient rangés.
Les serviettes étaient pliées,

Ce jour-là, un commercial s'est introduit dans notre bâtiment. Il s'est présenté à la porte, s'est fait inviter à l'intérieur, technique de criquet dévoreur.
Quand un VRP s'assoit dans votre cuisine et dévoile le contenu de sa serviette, sachez-le, un grand malheur s'abattra sur les vôtres.

Condamnation scellée, signée sur contrat de vente.

​

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Wi(vΛ)lem Ort(Λv)iz @jlai.lu

Les dieux sont petits.
Celui des chaussures adore les piles de boîtes en carton.
J'en ai assemblé des pilastres à escaliers, les offrandes au sommet. S'IL me voyait, s’IL me voyait vraiment, IL saurait que je trompe en faisant semblant d'avoir encore du stock à rentrer. Le dieu de l'agroalimentaire lui, me laisse glisser des tartelettes ou des salades fraîcheur sous ma veste à midi. Je les mange en contemplant les camions qui déchargent sur les quais.
Autrefois les divinités raffolaient d’épis de maïs. Aujourd'hui nous leur rendons gloire au badge magnétique.

Les dieux sont pressés. ILs ont des intermédiaires, ILs délèguent.
En sortant des toilettes je croise le manager jamais content. Qui parle au nom de, me dit qu'une autorisation pour aller faire pipi est obligatoire. Il voudrait que je baisse les yeux, se prend pour demi-déité. Il confond les noms des employé⋅es et m'appelle Gabarit.

Est-ce que les dieux sont légers aussi ?
Au prêt-à-porter, Charlotte dit que le si

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Wi(vΛ)lem Ort(Λv)iz @jlai.lu

T

Quand je leur lance « Bonnes fêtes ! » en premier, alors que je ne célèbre pas Noël, c'est un jeu de rôle. Je marque des points. Comme la jambe levée des motard⋅es ou les passant⋅es qui sourient au passage piéton. Un jeu sans échelle de progression, qui se joue seul⋅e avec soi-même. Dans ma tête je suis un⋅e espion⋅ne spécialiste des coutumes farfelues. Mais je ne devrais pas le dire, ça ruine un peu le stratagème et on risque de m'accuser de pensées T. Tragiques. Terrifiantes. Traumatiques. Les fachos petits et grands sont dans les ministères, chez les voisins, votent les lois, font tomber les peines... Pour survivre il faut faire semblant. Moi, mon projet T c'est de dévaloriser les bonheurs obligatoires en prétendant y croire plus que vous.

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le silence

Post croisé de https://imaginair.es/@hangry/111487370274435004

D'aucun pourrait penser que plus d'entre nous commenceraient à supplier une quelconque déité. Or, ce ne fut pas exactement le cas.

Certes, certains se mirent à genoux et commencèrent à implorer en silence. Ce qu'il s'échangea entre le murmure de deux lèvres tremblotantes, je n'en ai pas la moindre idée. Et provenant d'un acte si intime, je ne veux pas le deviner.

Ce que j'aimerais savoir, c'est comme un acte d'une époque si ancienne put ressurgir d'instinct à ce moment. Notre culture est si nihiliste aujourd'hui, pensèrent-ils sur le moment qu'implorer l'Univers lui ferait pousser une conscience tout-à-coup, croiser les bras et changer d'avis ? Va savoir.

Oui, il y eut des prières certes, mais pas tellement.

D'aucun pourrait penser que dans une dernière étincelle de terreur et de panique, les gens ne penseraient qu'à la b**se. Certains tentèrent un marathon de performance, à l'image de leur fiction erotica favori

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Voyage temporel

L'inconvénient du tout premier voyage dans le temps, c'était que rien ne se produisait, vu de l'extérieur.
Pas d'éclairs électriques, ni de remous, de nuages gazeux. Pas de disparition du sujet, comme dans les films. L'homme placé au centre de la cuve gigantesque remplie d'hydrogène ne ferma même pas les paupières, à T∥0.
S'il avait cligné des yeux, les dizaines de scientifiques rangé⋅es derrière des consoles n'auraient probablement pas vu la différence, malgré la caméra grand angle rivetée dans la capsule pressurisée.

Pour Claveire, sélectionné en prison grâce aux tests dignes d'une mission spatiale, l'expérience avait également été décevante.
Quand le mécanisme de sécurité relâcha automatiquement le bras qui le maintenait immergé depuis une demi-heure, il pensa que toute l'opération avait été un échec. Il resta patiemment dans le harnais, attendant qu'on vienne le détacher. Personne ne répondit à ses appels, aucun bruit, aucun signe d'agitation.
Après cinq longues minute

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Wi(vΛ)lem Ort(Λv)iz @jlai.lu

Ailleurs

Pour retrouver mon calme le soir j'ai souvent recours à la technique de se projeter dans un endroit rassurant. Tout le monde connaît, je crois que ça doit venir de la sophrologie à la base (?), en tout cas depuis tout petit on m'a conseillé d'imaginer que je me repose sur une plage quand ça ne va pas trop. Ça devait être le sommet de l'imaginaire détendu à l'époque, la plage. Moi la nuit quand j'arrive pas à couper le cerveau je commence par la respiration profonde, ensuite je visualise un ailleurs bien à moi, plus personnel. Des lieux que j'ai vraiment visité et où je pourrais m'imaginer vivre une vie détachée de toutes les contraintes humaines.
Ça fonctionnait correctement jusqu'à la semaine dernière.
Pour dormir, ma technique de relaxation mentale (qui se rapproche de la méditation transcendentale si j'ai bien compris) c'est d'essayer d'empêcher les pensées de se former dans mon esprit, en me concentrant sur une image inexistante. Je fais une sorte de mise au point sur le vide,

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Serveur confusion - ep. 11 - Pointeur

Suite de Serveur confusion ep. 10 - Bitrot

Premier épisode ici

Pointeur

Yannis ?!

Ah non, évidemment je tombe sur ta boite vocale.

Écoute petit frère, je suis désolée de t'appeler, tu comprends ? Je sais que tu ne voulais plus entendre parler de moi, okay ?
Surtout depuis la fois où tu m'as mise dehors devant les filles. Je sais que c'était moi, j'avais déconné. Et je sais que c'est pas la première fois, tu comprends ?
Je suis désolée de t'appeler mais j'ai vraiment pas le choix. Oh putain. Je ne vais pas m'éterniser, désolée, mais j'ai un problème et il faut que tu m'aides.

Écoute. Écoute. C'est vraiment bizarre à dire mais j'ai vraiment pas le choix, okay ?

Yanis, est-ce que tu te souviens de où j'habite ?

Je sais que c'est évident, tu comprends ? Mais je me souviens pas, je me souviens que je dois tourner à gauche après la supérette et puis à droite pendant deux cent mètres, okay ?
Et je po

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Anh Kagi @jlai.lu

Insignifiant

Si quelqu’un y connaît quoique ce soit, aidez-moi. Je ne comprends pas ce qui m’arrive.

Ça m’est arrivé par accident, je m’ennuyais à un arrêt de bus, et l’attente devenait insupportable. Je m’étais perdu dans mes pensées en fixant la route, et j’attendais depuis des plombes, j’en avais mal aux yeux.

Je sais que ça n’a pas de sens, mais je me suis rendu compte que la ligne jaune de l’arrêt du bus avait disparu. Je ne peux pas m’être trompé, je sais qu’il y avait une ligne avant. Elle a disparu alors que j’avais les yeux rivés dessus, il n’y a pas d’autres explications. Pourtant personne n’a remarqué son absence, même le bus continue de s’arrêter au même endroit comme s’il ne manquait rien.

Vous vous dites peut-être que je me suis fait des idées, qu’il n’y a jamais eu de ligne. C’est ce que je me serais résigné à croire, si ça ne s’était pas reproduit. Plusieurs fois. Des objets se sont évanouis sous mon regard. Une gomme, un caillou quelconque, une touffe d’herbe, un arbre dans sa f

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Ça a deux yeux

Ça a deux bras, deux jambes, et une tête dépourvue d'orifices.

Ça a deux yeux. Bipède et binoculaire. Les bras longs comme des tisonniers n’ont pas encore perdu leurs appendices. Les pattes trapues, larges sur leurs appuis en contact avec la terre pleines de sédiments, de minéraux. D’informations.

Ça avance avec difficulté dans la broussaille d’une forêt d’ubac pas encore dégrossie par les engins roulants des humain⋅es. Quelques heures après l’éveil, la synthèse accélérée n’agrège que les premiers rudiments de survie, de déplacement.
Instinctivement, il faut descendre, suivre le mouvement de la gravité, le long de ces pentes obstruées par les grands résineux qui dégorgent quelque part.
Ailleurs n’est pas encore un concept. Seul l’attraction terrestre est une réalité, force ressentie dans un corps sans charpente conçu comme un simple capteur biologique. Petite chose agglomérée à la hâte. À usage unique.

Ça a deux yeux, deux globes sans paupières, mais ça n’a encore rien vu.

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Démonologie

On raconte toujours que les esprits habitent les humains et les chèvres, mais qu'en est-il des objets du quotidien ?
Il y avait un démon prisonnier d'un tube de dentifrice, un autre coincé dans un rouleau de PQ.

Lorsque vous videz les fonds de placards, les frigos, ne buvez pas la dernière goutte, ne froissez jamais la dernière feuille, de peur de libérer une force obscure.

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Scaramouche

Devant, les arcades formées par des piliers pierre jaune brute qui s'enfilent en couloir, un couloir, une allée. L'université est ouverte. Elle est même presque carrément plein air.
Un mouvement d'élèves. Un courant. Il vient dans ma direction, et moi contre elleux, et je ne peux pas me retourner, ni partir de côté. Je vais contre.
Le couloir de cette Fac n'est pas très large mais il est ouvert. Au-dessus des piliers qui forment les arcades c'est le ciel bleu. Sous les arcades les élèves glissent autour de moi un·e à un·e, je vois leurs visages. Seule une personne me tourne le dos, immobile elle est debout un peu plus loin devant moi, je vois ses cheveux longs. J'essaie d'arriver jusqu'à ce personnage, contre le mouvement d'élèves. Quand je m'approche de la silhouette aux cheveux longs, je ne peux pas la contourner, aucune action possible. Je regarde dans mon inventaire… J'ai un inventaire ? Aucun objet à lui donner. Pas de possibilité de poser des questions. Les autres élèves ne

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Roulette

Il n'y a que deux voies possibles aux bâtiments Stendhal : manutentionnaire ou commercial⋅e.

D'une certaine manière, nous on sait ce que c'est de faire fructifier l'argent des autres. Les patrons n'en font jamais voir la couleur.

Un jour la voisine qui a des angoisses comme moi, me dit : « Prends ces 200 Euros, et va les jouer à la roulette. »
Je n'ai jamais mis les pieds dans un casino, mais elle a besoin d'argent pour payer son opération et elle est superstitieuse.
C'est vrai que sur mon acte de naissance, je porte un stigmate du destin.

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REZ-DE-CHAUSSÉE

Maintenant que j'y suis, je me rends compte de mon erreur. C’était stupide de croire qu’un traducteur électronique suffirait pour se débrouiller en pays étranger. Surtout avec le changement d’alphabet : dans les rues, dans les magasins, toutes les informations utiles m'échappent. Je ne peux même pas deviner les directions indiquées sur les panneaux.
×
J’attends devant sa porte jaune. La logeuse devrait me laisser deux semaines pour la somme que je lui paye, mais on ne se comprend pas. Le boîtier traduit « cinq jours de pension. » Elle essaie peut-être de m’arnaquer. Je dois avoir une tête de candidat.
×
Une fois en possession de la petite clé qui ferme le cadenas de la chambre, vissé sur le panneau au-dessus de la poignée, j’y dépose ma valise emballée et je ne perds pas plus de temps. Le quartier des Monts de pierre est seulement à quelques stations de métro.
×
Les couloirs très propres sentent les fleurs sucrées. Sur les cartes affichées, seuls les chiffres des lignes de

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La Box 8

Timothé regardait la pile d'objets en polymer gros comme des boîtes d'œufs, qui s'amoncelait dans son salon depuis qu'il avait emmenagé.
À l'autre bout du fil, une voix monocorde, exaspérante de calme, lui dictait la marche à suivre :
— Votre Box est personnelle et incessible monsieur.
— Ça fait beaucoup de Box quand même, vous ne pouvez pas me débarrasser des anciennes ?
— Nous allons d'abord terminer votre diagnostic monsieur si vous le voulez bien, j'aurai besoin de connaître la date de naissance de votre ancêtre le plus éloigné dont le lieu de naissance se situe en France ou dans un pays de l'Union Européenne hors traité Luxembourg.
Un tableau affiché sur le mur contenait les informations administratives couramment demandées par les services à distance. Timothé fit quelques pas pour s'en approcher.
— Attendez je regarde.
L'agent du centre d'appel lui, observait l'horloge de la salle, par-dessus son écran. Une belle horloge ronde, au design épuré, avec une grande aigui

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Sans titre

C'est un vieux médiateur pénal, sénile de 80 ans, qui m'avait envoyé là-bas. Je n'étais pas assez inquiétant pour un vrai tribunal : le travail forcé devait me remettre sur le droit chemin.

« Ici on fournit un service client exceptionnel » annonce l'instructeur.
Je lève les yeux. Les noms magiques des tours sont illisibles d'en bas, mais ici, au 38e étage, on a une vue imprenable sur le royaume des cieux.

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Sas

J'ai franchi quelques couloirs désaffectés, avant d'arriver dans un dernier sas.
Quand je pousse les portes battantes de ce que je crois d'abord être une sorte de réfectoire, un homme posté là, en polo noir, m'arrête avec gentillesse et détermination.
Il prend ma main pour scruter les lignes qui courent à l'intérieur de la paume. En deux secondes il a cerné ma vraie nature :
— T'es un calme toi. C'est bon tu peux passer.
Derrière les portes, je crois que c'est un studio d'enregistrement.

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Frigo

Après ces émotions tu te sens toujours un peu vide. Tu ne sais pas si tu as faim, soif, ou sommeil. Tu t’assoies sur une chaise et tu regardes autour de toi dans la pièce qui sert aussi bien à faire à manger qu’à travailler sur une table. Ta cuisine ressemble à toutes les cuisines que tu as connues. Seul le frigo aujourd’hui a quelque chose d’inhabituel. C’est ton frigo, le même qu’hier et avant hier, mais sans doute ton regard s’est un peu modifié sous l’effet du stress, que tu évacues encore péniblement. Ce frigo, à la différence des autres meubles et objets qui composent une tapisserie fonctionnelle, il ne te semble plus aussi familier qu’avant. Comme si la présence du meuble disproportionné, un peu grotesque par ses dimensions dans un appartement trop petit, était le témoin d’une intention extérieure, d’une volonté artificielle. Tu dois avoir l’estomac trop vide pour penser normalement. Tu te lèves, ouvres ce frigo. Il est vide. Ça tombe bien les frigos pleins t’angoissent. Vide à